La conversion par Internet

La foi au coeur de la vie

Qui n’a pas entendu parler de la conversion de Saul de Tarse, saisi par le Seigneur Jésus, alors qu’il se rendait à Damas pour arrêter et emprisonner les adeptes du Christ ? Ou encore celle d’Iñigo de Loyola, militaire terrassé par un boulet de canon et qui, dans sa longue convalescence, fut séduit par le Christ en lisant sa vie et la Légende dorée des saints ? Mais qui pourrait croire que « dans les profondeurs d’Internet » (Jean-Paul II, Internet : un nouveau carrefour pour l’annonce de l’Évangile, 24 janvier 2002), une conversion causée par la rencontre du Seigneur ressuscité puisse s’opérer ? David, 25 ans, témoigne pour nous de la grâce reçue.

Sous l’emprise du dieu Richesse
Depuis l’âge de douze ans, où il commence à travailler pour s’acheter un scooter, la vie de David est conditionnée par la passion de l’argent. Dans son esprit, richesse = autonomie, bonheur, réussite. Son ambition : être riche et bien vu, être hot, avoir une maison, un chalet, un quatre roues… avoir du prestige, être indépendant. À quinze ans, il travaille chez un marchand de fruits et légumes et peut ainsi se procurer ce que tant d’ados prisent… « J’étais toujours à la mode, et populaire. Mais, peu à peu, j’ai commencé à délaisser la prière et la pratique religieuse. » Puis, il entreprend ses études en marketing, « pour faire beaucoup d’argent, bien entendu ! Peu importait ce que je faisais pourvu que cela paye ! » Chaque semaine, il consacre une quarantaine d’heures à ses cours et quarante autres au travail. Les femmes prennent de plus en plus de place dans sa vie. À la fin de ses études, il est déjà propriétaire d’une belle maison !

Une brèche ouverte

Un accident de moto l’arrête et l’immobilise en août 2001. Au cours de cette épreuve, il connaît de longues périodes de solitude, et les graves blessures de sa jambe gauche le laissent désemparé. Un soir qu’il était ainsi en proie au découragement, il est réconforté intérieurement par une parole : « Garde ta foi, David ! » Cette pensée l’apaise mais reste malheureusement sans lendemain.n vendredi soir d’octobre 2002, alors qu’il fête avec des amis, l’un d’eux propose une séance d’occultisme. David hésite, car il connaît les influences néfastes de ces jeux diaboliques. Pour tenter de dissuader son copain, il lui propose de visiter un site au nom de la bête : Satan. À l’ordinateur, il clique au hasard sur un titre, sans réaliser qu’il s’agit d’un réseau biblique.

Cher Jésus, je suis un pécheur. Je crois que tu es le Fils de Dieu, que tu es mort pour mes péchés sur la croix.Pardonne-moi tous mes péchés, Jésus, je les regrette. Je te demande d’avoir pitié de moi, pécheur, et je te demande de venir dans ma vie.

Donne-moi ton Esprit et ta force. Aide-moi à obéir à tes commandements et à vivre pour toi. Jésus, je te donne ma vie, merci d’entendre ma prière, merci de venir dans ma vie.

Père, je te le demande par le Nom de mon Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ.

Amen.

Ils commencent à lire. Au début, il est bien question de Satan, mais peu à peu, c’est Jésus Sauveur qui est présenté. L’ami de David perd vite son intérêt, mais ce dernier, laissé seul devant l’écran, poursuit sa lecture, malgré une forte incitation intérieure à quitter le site. Puis, apparaît à l’écran le message suivant : « Jésus vous aime. Voulez-vous rencontrer Jésus-Christ ? Si vous le voulez, mettez-vous à genoux et récitez cette prière… » David est touché, mais ne le montre surtout pas et n’en dit mot à ses amis. Il imprime furtivement le texte de la prière (cf. encadré ci-contre) et l’apporte chez lui.

 

Des ténèbres à la Lumière
De retour à la maison, David reprend la prière et, suivant le conseil qui l’accompagne : « Ne faites pas que réciter cette prière, mais dites-la de tout votre cœur », il s’agenouille et prie intensément.

Une fois couché, il est content d’avoir pu dire sincèrement cette prière et en remercie le Seigneur. Il se sent alors envahi d’une Présence et des sentiments nouveaux montent en lui. Il lui semble entendre Jésus parler à son cœur et ouvrir ses yeux à la Lumière.

« Ton problème avec l’argent, David, ta crainte d’avoir à dépendre de qui ou de quoi que ce soit, ton besoin d’indépendance, je t’en dégage. Te rends-tu compte que tu es déjà riche ? Des milliards d’êtres en ce monde n’ont pas de quoi manger ? ni d’eau potable à boire ? … » Comprenant que le Seigneur veut le guérir de son esprit matérialiste, de sa maladive ambition de vouloir toujours plus de richesses, David fond en larmes. Puis, de nouveau, Jésus fait la lumière en lui : « Te rends-tu compte que je t’ai tout donné : ce que tu es, ce que tu possèdes, et Line, ton épouse ? » Dans l’action de grâces, David sent que le Seigneur efface de sa mémoire les images pornographiques qui le souillent.

À l’école de la Parole
Il se sent invité à lire la Bible pour trouver réponse à « sa question ». En effet, depuis longtemps, il se demandait quelle était la vraie religion. « J’avais déjà longuement réfléchi à ce sujet, échangé avec des jeunes de diverses confessions, sans avoir la certitude que la religion catholique était bien celle à adopter. »

David entreprend de lire les quatre Évangiles. Il plonge dans celui de Jean, puis de Matthieu, de Marc et finit par celui de Luc. Sa réponse, il la trouve dans le passage synthèse de saint Luc (Lc 16, 16-18). Il y découvre que Jésus achève l’ancienne Alliance (religion juive) ; qu’il inaugure la loi nouvelle du Royaume de Dieu (religion catholique) et affirme que pas un « i » ne passera de cette loi. Enfin, le dernier verset, sur l’adultère, David le reçoit en plein cœur : « celui qui répudie sa femme » — pour lui : celui qui répudie sa religion — est adultère » ! « J’avais enfin ma réponse ! Et c’était très clair… Jésus voulait que je vive ma religion catholique et que je m’insère, ici, dans son Église. »

De pécheur à disciple
Un dimanche, alors qu’il se trouvait à la messe avec son épouse et ses parents, il ose à peine chanter et proclamer ainsi sa foi en Jésus. De nouveau, il reçoit une lumière intérieure : « David, tu me connais, tu sais que je suis dans l’hostie et pourtant tu as honte de chanter par crainte de ce que les gens vont penser de toi. » Il revoit alors son passé : que de fautes commises à cause du respect humain. Il réalise que seule l’opinion de Dieu compte. Soulagé d’un immense fardeau, il renonce à se préoccuper de l’opinion des autres. Au moment de la consécration, deux suggestions s’opposent, dans son esprit : « Vas-y, mets-toi à genoux, proclame ta foi » et « De quoi auras-tu l’air ? » (il s’agissait d’une messe en plein air, sur un terrain asphalté et tout le monde était assis). « Je m’agenouille enfin, remerciant le Seigneur, pleurant d’amour et de joie. Mon épouse s’agenouille à son tour. Après la messe, sur la route du retour à la maison, pris d’émotion, nous nous arrêtons au bord du chemin pour pleurer. »

Témoin d’espérance

Bientôt, la mission de David va se préciser… celle d’être témoin de Jésus. Avec un groupe de jeunes de l’après-JMJ, il participe à un jeu spirituel pendant lequel il reçoit ce billet : « Tu es entre les mains de l’Enfant-Jésus… tu passeras tes courses à faire du bien aux démunis… Tu seras messager d’espérance… ».

L’animateur demande qui veut communiquer aux autres le contenu de son billet. Dans le cœur de David, un grand combat fait rage : « Lis ton billet » et « N’en fais rien car si tu le lis, tu vas te mettre à pleurer devant tout le monde ». David choisit de lire le billet reçu et, effectivement, ses larmes se mettent à couler. On l’invite à livrer son témoignage, ce qu’il fait. C’est le début d’une nouvelle vie. Son premier témoignage sera suivi de plusieurs autres à divers groupes de jeunes, à des détenus…

Internet fait apparaître des milliards d’images sur des millions d’écrans d’ordinateurs partout dans le monde. De cette galaxie d’image et de son, le visage du Christ ressortira-t-il et la voix du Christ sera-t-elle entendue ? Car ce n’est que lorsque son visage sera contemplé et sa voix entendue que le monde connaîtra la bonne nouvelle de notre rédemption. Tel est le but de l’évangélisation.

(Jean-Paul II, Internet, un nouveau carrefour pour l’annonce de l’Évangile, no 6)

Il est le Maître, il est Seigneur !
David est l’un de ces graciés de l’Amour rejoints par le moyen d’Internet. Dans sa miséricorde, le Seigneur ne désire que nous combler, mais chacun reste libre d’accueillir ou de repousser cet amour. Pour sa part, David l’a bien compris.

Peu de temps après sa conversion, une nuit, David rêve que le Seigneur lui demande de le regarder. Il s’éveille et, voyant l’image de la Sainte-Face de Jésus qui orne sa chambre, il prie, de son lit. Après une demi-heure de présence au Seigneur, il se rendort. Le lendemain matin, une prière monte en lui comme un flot de lumière. David l’écrit, en l’attribuant à l’Esprit Saint.
En effet, dit-il, « de toute ma vie je n’ai jamais rédigé une seule prière ! » En voici le texte :

Je ne veux que t’aimer

Je t’ai créé libre, à mon image.
Je ne veux pas t’obliger à m’aimer,
mais de mon amour, tu vis.
Attendras-tu d’être au bout du rouleau,
dans les ténèbres jusqu’au cou,
avec l’alcool, la drogue ou l’argent,
comme seules sources de bonheur ?
Ce n’est pas ce que je veux.
Ce que je veux, moi, c’est t’aimer.
N’attends pas d’être rendu là!
Tu dois m’ouvrir ton cœur, toi seul peux le faire…
Toi seul es maître de ton cœur.

Plusieurs fois, j’ai frappé à la porte de ton cœur,
mais toi, tu n’étais pas prêt à m’ouvrir.
Plusieurs fois, j’ai essayé de t’aimer,
mais toi, tu m’as repoussé.
Aujourd’hui, me laisseras-tu entrer ?
Je brûle d’envie de t’aimer !

Peu importe toutes tes révoltes,
peu importe qui tu es aux yeux des hommes,
quels péchés tu as commis…
Si tu m’en demandes pardon, je te pardonnerai.
Tu dois savoir que personne n’est digne
de recevoir mon amour.
Je le donne à qui le veut, à qui le demande.
Si quelqu’un te juge, c’est qu’il ne m’a pas rencontré.

Moi, je connais ton cœur, ton passé, tes blessures.
Aujourd’hui, c’est le temps de changer.
Laisse-moi entrer, faire le ménage,
guérir tes blessures, ouvrir les yeux de ton cœur,
et tu verras comme je t’aime !
Tu ne seras plus jamais seul,
je te remplirai de mon amour.
Tu changeras de vie,
tu feras la paix avec ton passé.
Tu verras combien mon amour est fidèle,
pas comme celui des hommes !
Tu verras combien mon amour est loyal et vrai,
pas comme celui des hommes !
Tu découvriras que mon amour est éternel.

Et si, en retour, tu veux m’aimer :
aime ton prochain comme toi-même,
pardonne à ceux qui t’offensent,
aime ceux qui ne sont pas aimés,
aide ceux qui ont besoin de toi.
Quand tu donnes, c’est à moi que tu donnes.

Tu verras, c’est facile, je te guiderai.
Avec moi, tu seras gagnant, jamais perdant,
je te donnerai mille fois plus qu’espéré.
Mais, d’abord, tu le sais,
c’est à toi de choisir.
Tu n’es pas obligé d’attendre de souffrir
pour m’offrir ton cœur.
Fais-le donc, maintenant, n’attends plus,
je brûle d’envie de t’aimer !

 

(Diane CHAGNON, Signes vol. 39, no 1, pp. 11-16)